Longpont, 1918 : Tout n’était plus que ruines
« À l’approche de l’ennemi le 2 septembre 1914, la population choisit de ne pas évacuer et subit pendant quelques jours le joug arrogant des troupes impériales de passage, avec vols et saccages. Après leur retrait, le front établi mi-septembre au nord de l’Aisne amène à Longpont et pendant plus de trois ans, le passage des unités alliées les plus variées : régiments territoriaux, troupes britanniques en opération, cavalerie, camp d’instruction américain, conseil de guerre installé à l’école, camp d’aviation à Beaurepaire, artillerie, camions de munitions…
« Aussi la surprise est-elle grande, fin mai 1918, lorsqu’une nouvelle ruée allemande est annoncée. D’abord réfugiée dans la carrière de la Grille, la population presque entière doit partir en exode vers Paris et La Roche-sur-Yon, tandis que le logis abbatial de la famille de Montesquiou est incendié et les cloches de l’église descendues et fondues. Le village, gravement endommagé, n’est libéré que le 12 juillet par les Zouaves et voit se concentrer alors les troupes de Mangin de la 10e armée qui se chargent de libérer les fermes occupées et d’empêcher les offensives allemandes de pénétrer en forêt. La lisière, avec la rivière de la Savière à ses pieds, est la ligne qui ne doit pas être franchie !
« Le 18juillet à l’aube, Longpont est l’un des points de départ de la grande contre-offensive alliée. Artillerie lourde, chars, aviation de bombardement, participation anglo-américaine, l’élan est irrésistible à tel point que Clémenceau et le président Poincaré s’ye rendent spécialement ainsi qu’à Longpont Montgobert pour être témoins de la victoire annoncée ! Fermes dévastées, maisons effondrées ou incendiées, arbres déracinés, sol bouleversé, Longpont n’est plus que ruines, à l’exception de l’ancienne abbatiale qui dresse encore sa façade meurtrie…
« Fin été 1918, le village est presque entièrement ruiné par les bombardements. Selon les récits locaux, l’Abbaye a été incendiée par les Allemands, causant l’effondrement d’une large partie de la nef et du bras sud du transept de l’église abbatiale.
« Il faudra l’aide publique, le parrainage généreux de Neuilly-sur-Seine et surtout le courage de toutes les familles revenues pour que la vie reprenne ses droits. Mais quatorze enfants du village, inscrits sur le monument aux morts, ne reviendront jamais… »
– Musée du Territoire 14-18, extraits